Une politique nationale du handicap en "faillite"

couv2.jpg

 

L'APF avec le Comité de Coordination des Associations pour Personnes Handicapées en Loire-Atlantique (CCAPH 44) lors d'une conférencce de presse à nantes ce mercredi 7 juin

 

dénoncent une politique nationale du handicap en « faillite » et attendent

une conférence nationale du handicap ambitieuse et concrète !

 

A la veille de la deuxième conférence nationale du handicap le mercredi 8 juin, le Comité de Coordination des Associations pour Personnes Handicapées en Loire-Atlantique (CCAPH 44) attend des réponses concrètes à la hauteur des attentes des personnes en situation de handicap et de leurs proches ! Car entre les discours et les promesses du Président de la République et du gouvernement et les réalités vécues par les personnes en situation, l’écart ne cesse de se creuser !

La loi handicap du 11 février 2005, porteuse de nombreux espoirs, est vidée de son sens à coup d’amendements, de décrets, de réforme ou de non-portage par les politiques publiques ! Les arguments de la crise ou des restrictions budgétaires, prétextes du gouvernement pour justifier son attentisme, ne constituent en rien des réponses recevables ! Le CCAPH 44 demande au Président de la République des réponses, des engagements forts et des impulsions politiques témoignant d’une réelle volonté de mettre en œuvre une politique du handicap ambitieuse !

Alors que la première conférence nationale du handicap en 2008 n’avait pas donné satisfaction sur de nombreux points, force est de constater que la vie quotidienne des personnes en situation de handicap en France s’est encore plus détériorée depuis cette date ! Dans son rapport 2010, le Conseil national consultatif des personnes handicapées (CNCPH) déplore également des lenteurs, des lacunes et des reculs dans la mise en œuvre de la loi handicap du 11 février 2005 et se dit préoccupé par la gouvernance de la politique du handicap.

Sur l’accessibilité universelle

→ Les tentatives pour ne pas appliquer les principes d’accessibilité et de conception universelle se multiplient ! Le délai de mise en accessibilité pour 2015 est compromis au regard du manque d’impulsion politique et financière ! Tout aussi préoccupant, des initiatives privées et parlementaires se multiplient pour revenir sur les obligations d’accessibilité, y compris sur les constructions neuves !

→ La scolarisation des enfants en situation de handicap reste problématique ! Si on ne peut que se réjouir de l’augmentation du nombre d’enfants scolarisés, il s’agit également de s’intéresser aux conditions de cette scolarisation dans une approche globale de l’inclusion!

L’ensemble des associations de personnes en situation de handicap et de leurs familles ont manifesté leur colère et mécontentement lors de la rentrée 2010.

En effet la scolarisation nécessite une implication de tous les acteurs (Education nationale, Maison Départementale des Personnes Handicapées, Conseil Général, Agence Régionale de Santé).

Le droit à la scolarisation des enfants handicapés est un enjeu de société auquel les pouvoirs publics ne peuvent se dérober. Cela implique la mise en place de davantage de moyens matériels et humains.

Le manque crucial d’auxiliaires de vie scolaire (AVS) et la précarité de leur statut laissent de nombreux enfants sans accompagnement adapté ! Sans compter les ’enfants non-scolarisés faute d’AVS ! Les moyens de transports mis en place par les Conseils généraux doivent être à la hauteur des besoins ! Et que dire des manques importants de places dans les SESSAD:

L’Agence Régionale de Santé qui gère désormais la planification des places en Etablissements médico-sociaux pour les enfants en situation de handicap doit prendre en compte les nouveaux besoins notamment concernant les personnes autistes.

Le Conseil général qui gère les places en Foyers d’adultes doit répondre aux demandes pour permettre aux jeunes adultes qui restent dans des structures enfants faute de places de libérer celles-ci.

→ La situation de l’emploi des personnes en situation de handicap reste toujours très difficile et on est très loin d’une véritable politique d’inclusion sociale : taux de chômage 2 fois plus important que celui de l’ensemble de la population, discrimination à l’embauche, inaccessibilité des locaux de travail et absence de mesures appropriées pour faciliter l’emploi de travailleurs en situation de handicap. Et si le gouvernement essaie d’impulser une politique d’emploi, notamment dans la fonction publique, son discours reste ambigu car dans le même temps, il transfère un certain nombre de ses compétences et dépenses vers l’AGEFIPH et le FIPHFP. Et pour les entreprises adaptées en difficultés économiques, la tendance est à la baisse des financements publics (diminution du nombre d'aide au poste)!

Sur la compensation et les ressources

→ La question des ressources des personnes ne pouvant pas ou plus travailler n’a toujours pas été prise en compte par le gouvernement, qui continue de laisser les 800.000 bénéficiaires de l’AAH, les bénéficiaires de pensions d’invalidité et de rentes accident du travail sous le seuil de pauvreté. A cela s’ajoute l’augmentation du coût des dépenses de santé mais aussi du coût de la vie. De plus, la réforme actuelle de l’AAH ne répond pas aux besoins des personnes mais bien à ceux de l’Etat qui ne cherche qu’à réduire ses dépenses !

→ Promis depuis 3 ans, par les différents ministres et le Président de la République lui-même, la question du droit à compensation et de la perte d’autonomie devait être traité lors du débat sur la dépendance. Aujourd’hui, force est de constater que la question du handicap a été exclue de ce débat alors même que le droit à compensation actuel comporte des manques et des incohérences et ne remplit donc pas son rôle ! D’autant que la question du vieillissement des personnes en situation de handicap est primordiale aussi bien pour le maintien à domicile que pour des places en foyers de vie. La loi du 11 février 2005 ne supprimait-elle pas toutes les barrières d’âge ?


Sur l’organisation institutionnelle autour des politiques du handicap

→ Le resserrement des enveloppes budgétaires pour assurer le financement des moyens de compensation, des services et des établissements médico-sociaux met en péril l’offre de services actuelle !.

Comment ne pas s’interroger alors que les pouvoirs publics s’expriment en taux d’équipements et non en termes de satisfaction des besoins des personnes. Les diagnostics doivent être partagés entre les notifications des instances au regard des besoins et le suivi de leur effectivité. Les financeurs se renvoient « la patate chaude » entre eux. En bout de chaîne, ce sont un manque crucial de places en établissements et services financées par l’ARS et les Conseils généraux pour accompagner au quotidien des centaines de milliers de personnes en situation de handicap et leur famille.

→ Pour finir, les Maisons départementales des personnes handicapées (MDPH) créées en 2006 ne sont toujours pas pleinement en capacité d’assurer leurs missions, notamment dans le suivi des décisions qu’elles prononcent.

 

Le CCAPH 44 demande au Président de la République et au Premier Ministre de donner, lors de cette Conférence nationale du handicap, une impulsion politique majeure et essentielle, avec des réponses concrètes aux difficultés quotidiennes vécues par les personnes en situation de handicap et leur famille, en garantissant une égalité de traitement sur tout le territoire.

Les commentaires sont fermés.