"Réflexions d'un petit nouveau" par François Barré

Je viens de découvrir Jaccede.com. Je me suis inscrit tout de suite. Rentrant de la piscine la plus proche, j'ai voulu savoir s'il y avait d'autres établissements de ce type accessibles dans l'agglomération nantaise. Quelle ne fut pas ma surprise de ne trouver aucune piscine signalée, pas même celle dont je sortais. Notre agglomération doit pourtant être bien équipée et, me semble-t-il, attentive aux difficultés des personnes en situation de handicap.


J'ai donc entrepris de proposer la piscine dont je sortais comme «lieu accessible». Je comptais dire simplement «Je marche difficilement avec deux cannes, je fréquente cette piscine, je n'y rencontre pas de problème et j'y croise des enfants en fauteuils qui ont l'air de s'y trouver très bien.»

Quand j'ai vu la complexité de la procédure d'inscription proposée, j'ai compris pourquoi aucun établissement n'était signalé. Je me vois mal retourner à la piscine avec un expert géomètre, un ingénieur en travaux publics, peut être un avocat, un détective privé et qui sais-je encore. Pardonnez-moi si mon ironie peut paraître blessante : c'est la réaction spontanée que j'ai eue!
Je me suis aussitôt rappelé que chacun des détails évoqués plus haut était en effet indispensable: personnellement, je sais maintenant comment on prend une bûche pour un obstacle de quelques millimètres...

Par ailleurs, j'ai été étonné qu'on demande de fournir des renseignements du genre : horaires d'ouverture, tarifs, arrêt de bus, etc. Renseignements certes pratiques, mais je n'ai pas pu m'empêcher de penser que les gens  qui, comme moi, ont encore la chance d'avoir l'usage de leurs mains, de leur langue et de leur cerveau (en partie !), sont capables de téléphoner, de continuer à avoir une vie sociale malgré leur handicap moteur. On est déjà dépendants physiquement, si on nous « incite » à la devenir socialement les affaires se présentant mal.

Malgré l'évolution de ma pathologie, je ne suis pas pressé de devenir un handicapé « professionnel », j'espère avoir par ailleurs une vie sociale (voire professionnelle) aussi longtemps que possible. Je suppose que je ne suis pas le seul.

Mais il existe peut être un autre mode de signalement des lieux accessibles, ignoré du néophyte que je suis ? Un mode plus basique où je pourrais en effet dire simplement : « Je marche difficilement avec mes deux cannes. Je fréquente cette piscine, je n'y rencontre pas de problèmes et j'y croise des enfants en fauteuils qui ont l'air de s'y trouver très bien ».

J'entends bien que ce type de déclaration ne saurait remplacer « les déclarations homologuées ». Mais en l'occurrence, il ne remplace rien puisque qu'il n'y as pas de déclarations homologuées ! (sans doute en partie pour des raisons évoquées plus haut, et je suppose que, là comme ailleurs, les bonnes volontés ne se bousculent pas au portillon).

Quand on dit « Je marche difficilement avec mes deux cannes. Je fréquente cette piscine, je n'y rencontre pas de problèmes et j'y croise des enfants en fauteuils qui ont l'air de s'y trouver très bien » ça suppose normalement qu'on a pu s'y rendre, avec un moyen de transport adapté, qu'on a pu y stationner, entrer dans l'établissement sans problème, qu'on nous a accueillis gentiment (puisqu'on y retourne), qu'on pu entrer dans le bain, en sortir, rentrer chez soi vivants !

Vous voudrez bien pardonner l'impudence et la naïveté du petit nouveau que je suis (malgré mes soixante balais). J'entends simplement ne pas être consommateur passif d'un service, et j'espère que mon courrier contribuera modestement à faire avance le schmilblick !

François Barré

 

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