Un joystick pour barrer les voiliers

C’est une révolution dans le monde de la voile pour tous : à l’image des systèmes utilisés pour la conduite automobile, un joystick permet désormais à des personnes tétraplégiques de prendre les commandes d’un navire.

À l’origine de cette innovation, on trouve un père bricoleur, Thierry Dehedin, qui souhaitait continuer de naviguer avec son fils, atteint d’une myopathie. Après avoir imaginé un système de vérin sur la barre de son catamaran, Péniche, ce Breton confie à Bernt Weber, un électronicien maritime, le soin de perfectionner l’appareil. Un prototype est conçu en 2010, avec le soutien financier du conseil général du Finistère.

«  Nous avons refait de toutes pièces l’électronique du boîtier, qui se présente comme une variante d’un pilote automatique. Il permet aujourd’hui à des personnes tétraplégiques de barrer en finesse : lorsqu’on relâche le joystick, la barre revient au milieu », précise Bernt Weber. Sa société Splashelec commercialise depuis peu ce système –  environ 3 000 € – facilement adaptable sur des bateaux à voile comme à moteur, sur des barres franches ou à roue. Elle compte déjà cinq acquéreurs, dont le club handivoile de Brest, le centre nautique de Moulin-Mer ou encore celui de Douarnenez, qui l’a installé sur l’Andy 27, un voilier conçu pour la navigation des personnes à mobilité réduite.

 

Fabrice Gakière, tétraplégique depuis douze ans à la suite d’un accident de cheval, a été l’expérimentateur de ce système qui l’a « complètement bluffé. Jusqu’alors, j’avais un peu pris la mer comme tout le monde ici en Bretagne, mais j’ai vraiment appris à barrer avec ce joystick. Il est difficile d’expliquer ce que l’on ressent lorsqu’on prend les commandes d’un voilier et que l’on éprouve la résistance de l’eau sur la carène… Ce doit être comme de conduire à nouveau une voiture ». Les sensations du grand large en plus !

En véritable VRP de l’appareil, Fabrice – par ailleurs skipper au sein du club handivoile de Brest – va désormais vanter ses mérites de port en port : «  Trop peu de bateaux, et encore moins de ports, sont aujourd’hui accessibles. Après un accident, revenir sur l’eau n’est pas non plus évident : la mer n’est pas toujours un environnement rassurant. Justement, cela peut avoir un effet thérapeutique : affronter les éléments, prendre la barre et mener l’équipage, c’est extrêmement gratifiant. Avec ce joystick, on veut notamment dire à ceux qui naviguaient avant leur handicap que c’est de nouveau possible. » Aurélia Sevestre

Source: Faire Face

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