Saint-Nazaire est-elle accessible aux personnes à mobilité réduite ?

La ville de Saint-Nazaire est-elle suffisamment accessible aux personnes à mobilité réduite ? Sur son fauteuil roulant, Éliane Vallée distribue les bons et les mauvais points.

C’est une des grandes oubliées de la campagne des élections municipales 2020 à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique). Vous avez entendu parler de handicap et d’accessibilité, vous ? Nous très peu.

Éliane Vallée, conseillère à l’Association des paralysés de France, confirme.

"Aucun candidat ne parle de nous".

L’antenne de Saint-Nazaire de l’APF 44 a décidé d’aller à leur rencontre pour leur rappeler qu’elle existe. Nous avons proposé à Éliane de faire un tour en ville en fauteuil roulant électrique pour qu’elle nous livre ses impressions. Verdict ? Du bon et du moins bon. Et un constat.

"Il reste encore beaucoup de choses à faire. Faire des bâtiments accessibles, c’est bien, mais il faut aussi penser à la voirie et au transport, sinon on ne peut pas y entrer".

C’est un des points noirs. Un plan de mise en accessibilité de la voirie et des espaces publics a été lancé au début des années 2010.

"On a vu apparaître de grands tableaux, des sommes ont été allouées pour faire des travaux. Mais ce bel élan est retombé".

De fait, c’est très inégal. En général pas trop mal sur les axes principaux, moins sur les secondaires. Entre les trous dans les trottoirs, les poubelles qui gênent, les potelets qui protègent des voitures mais pas très pratiques à éviter, les dévers (pente de l’inclinaison des trottoirs) pas toujours adaptés aux fauteuils, c’est parfois compliqué de cheminer paisiblement.

Exemple type devant les locaux de l’APF Saint-Nazaire, rue de Stalingrad. En voulant se rendre vers la place des Martyrs, Éliane se retrouve bloquée sur le trottoir à l’intersection de la rue du Maine. Pas de sortie. Obligée de faire demi-tour, de descendre sur la route et de rouler dessus à ses risques et périls.

"Parfois, on a droit à un coup de klaxon".

 

Nous sommes allés faire un tour dans le centre-ville. En termes d’accessibilité, c’est très variable également.

Beaucoup de commerces ne sont pas accessibles, même si certains font l’effort d’installer une rampe amovible ».

Éliane Vallée ne cache pas son embarras.

Parfois, on doit sonner pour que le vendeur aille la chercher et l’installe. Ça me gêne un peu si je n’achète rien… ».

Le constat est particulièrement criant dans la rue de la Paix où les rampes se font rares et le long des façades de l’avenue de la République, au niveau du Paquebot.

La Nazairienne a longtemps siégé à la commission communale de sécurité et d’accessibilité.

Elle n’a pas le pouvoir de faire fermer un établissement qui ne fait rien, elle émet uniquement des préconisations ».

Pas toujours suivies d’effet, donc. L’APF 44 exige notamment la mise en œuvre des Agendas d’accessibilité programmée (Ad’Ap) pour les commerces et établissements recevant du public de 5e catégorie.

 

À Saint-Nazaire, un des gros problèmes a été réglé avec la rénovation de la gare.

C’était une honte ».

Et maintenant ?

Les personnes à mobilité réduite sont contentes. Il y a un ascenseur pour chaque quai. Avant, avec le service Accès plus (service d’accueil et d’accompagnement gratuits en gare mis en place par la SNCF), on devait quand même faire au moins 250 mètres pour accéder au train ».

Pour ce qui est du bus, il y a du lard et du cochon. Sur le plan local, c’est positif.

Les bus Hélyce sont très bien ».

Mais dès qu’Éliane veut sortir de l’agglomération, ça se complique…

Les bus du Département, Aleop, ne sont pas équipés de rampe ».

De manière générale, tout prend un temps fou.

Si je dois partir en réunion dans les locaux de l’APF Nantes, il faut compter trois heures en transport depuis chez moi en prenant les transports en commun. En voiture, c’est à 45 minutes ».

Globalement, c’est plutôt pas trop mal. La Nazairienne distribue un bon point au Théâtre. Une réussite en termes d’accessibilité.

Il y a 18 places pour fauteuil roulant, c’est plus que le quota légal, des ascenseurs à chaque niveau… ».

On ne peut pas dire autant du gymnase de Porcé, actuellement en travaux et qui sera mis aux normes PMR. Le cadre est verdoyant, mais essayez de faire passer un fauteuil roulant sur le petit chemin pentu qui permet d’accéder à la salle… Certes, il tout de même existe la possibilité de descendre en voiture jusqu’en contrebas du gymnase.

Pour l’instant, les personnes en fauteuil n’ont pas non plus la possibilité d’accéder au 1er étage du Grand café, le centre d’expositions contemporaines.

Selon Éliane Vallée, les logements accessibles et adaptables sont encore trop peu nombreux, à Saint-Nazaire comme ailleurs.

On a demandé à connaître les chiffres auprès de Silène (le bailleur social), on n’a pas eu de réponse ».

Une chose est certaine : « il y a beaucoup d’attente ».

Un bon point : alors que la loi l’a fixé à 20 %, à Saint-Nazaire, 100 % des logements sociaux construits sont accessibles.

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