Aidantes, aidants, grands oubliés de la crise : des mesures d’aide d’urgence s’imposent

Le CIAAF, en collaboration avec l’Institut de recherches économiques et sociales (IRES), a réalisé une enquête pour mesurer l’impact du confinement sur les aidants ainsi que sur leurs besoins suite au déconfinement. 1 032 aidants y ont répondu entre le 24 avril et le 25 mai.

Alors que notre pays est peu à peu déconfiné, nous révélons les résultats de l’enquête Ciaaf – Ires menée auprès des aidant·e·s familiaux sur l’impact du confinement sur leur vie et leurs besoins suite au déconfinement. Face aux résultats alarmants concernant leur situation, nous demandons aux pouvoirs publics des mesures d’urgence pour y remédier.

Si le rôle déjà essentiel des aidant·e·s avant le confinement s’est révélé vital dans la gestion de la crise sanitaire, ils et elles ont très durement vécu la crise sanitaire.

« Les aidants sont les grands oubliés de cette crise. »

Homme aidant de sa conjointe de 40-49 ans atteinte d’une maladie neurologique évolutive

Fort sentiment d’oubli, isolement accru et imposé, intensification de l’aide : ce sont 3 des enseignements de l’enquête menée par le Collectif inter-associatif des aidants familiaux (Ciaaf) dont nous sommes membres, en collaboration avec l’Institut de recherches économiques et sociales (Ires), entre le 24 avril et le 25 mai. 1 032 aidant·e·s y ont répondu.

« Le confinement a fait de moi : une femme de ménage, une infirmière, une secrétaire administrative, une institutrice, une éducatrice spécialisée et un punching-ball ! (pour mon fils). »  

Mère d’un enfant de moins de 20 ans atteint d’un trouble du spectre autistique

Des constats alarmants

  • Un isolement fortement accru dû au confinement 
Les aidant·e·s familiaux ont largement pallié la fermeture des établissements ou la réduction des services d’aide à domicile. Si 67 % des aidant·e·s répondant·e·s à l’enquête étaient accompagnés dans le rôle d’aidant·e avant le confinement, seul·e·s 48 % l’ont été pendant le confinement. 
 
  • Un isolement imposé aux aidant·e·s
Les aidant·e·s familiaux ont pour beaucoup subi de plein fouet la fermeture des établissements, la réduction ou l’interruption des services d’aide à domicile, ainsi que l’impossibilité pour leur famille de venir les aider. Les aidant·e·s ont alors dû s’adapter très rapidement pour accueillir leur proche à domicile, concilier télétravail et rôle d’aidant... Ce sont ainsi 79 % des aidant·e·s qui déclarent que l’absence d’aide à leur côté provient d’une cause extérieure. 
 
  • Une intensification de l’aide apportée à leur proche
Pendant la période de confinement, on constate une intensification de l’ensemble des types d’aide : tâches domestiques, suivi médical, surveillance, soutien moral, réalisation d’actes intimes, aide à l’autonomie, soutien scolaire adapté… Or, cette intensification des activités des aidants a des effets négatifs sur leur santé, qui déclarent notamment une nette augmentation de leur épuisement physique et moral. 

Des besoins d’aide urgents

« Aider ne devrait pas rimer avec s’épuiser. »

Père d’un enfant de 20-29 ans présentant une ou des déficiences intellectuelles
Le premier besoin exprimé par les aidant·e·s est la possibilité de pouvoir bénéficier de solutions de répit (34,27 %). 
Cependant, la lourdeur administrative constitue un frein au recours pour plus de la moitié d’entre eux (50,98 %) et le coût pour 44,53 %.
 
C’est pourquoi, sur la base de ces constats et des besoins exprimés par les aidants, avec le Ciaaf nous demandons :
  • La mise en place immédiate d’un chèque répit, d’un montant de 1 000 € et d’une validité d’un an
  • Une augmentation à court terme : des services adaptés et de l’accompagnement professionnel à domicile ; des solutions de répit avec hébergement (séjours de vacances adaptées, accueil temporaire avec hébergement…)
Comme le dit la mère d’un enfant de moins de 20 ans en situation de polyhandicap : les aidant·e·s sont « les fantômes, les oubliées de la société » de cette crise sanitaire.
 
Nous en appelons à la solidarité nationale pour une reconnaissance de l'aide et de l'accompagnement que les aidant·e·s ont procurés à leurs enfants, conjoint·e·s ou parents.  

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