Loire-Atlantique : un habitat inclusif unique pour personnes autistes va ouvrir dans ce village

Un habitat inclusif novateur va voir le jour à Grand-Auverné (Loire-Atlantique), d'ici deux ans. Dix personnes en situation de handicap pourront y vivre de manière quasi-autonome.

Via l'éclaireur 

"C’est une énorme victoire, un aboutissement !" Priscille Basses peut laisser éclater sa joie. Depuis deux ans, la présidente de l’association la Maison Villeneuve s’investit sans relâche dans le projet de sa vie, à Grand-Auverné (Loire-Atlantique). Une victoire pour elle, sa famille et surtout pour son fils de 25 ans, Willy, atteint d’autisme.

Pour lui, fini les interminables listes d’attente des établissements spécialisés. D’ici deux ans, le jeune homme et neuf autres résidents découvriront leur nouveau chez eux, dans un petit village du nord du département, où un projet d’habitat inclusif unique en son genre est devenu réalité.

Un projet unique en son genre

Vendredi 25 septembre 2020, le projet de Maison bleue alverne a été définitivement validé par les partenaires sociaux et collectivités, notamment le Département, compétent en matière d’action sociale.

Priscille Basses et Béatrice Jouy, de Mouzeil (Loire-Atlantique), maman d’Héloïse, sont à l’origine de ce projet unique en son genre.

"Nos enfants ne pouvaient pas postuler en Esat (Établissement et service d'aide par le travail) mais ils le pouvaient dans les Foyers d'accueil médicalisés (Fam). Le plus proche est à Nort-sur-Erdre, mais la liste d'attente y est phénoménale et pour eux, le fonctionnement de ces établissements n'est pas idéal."

Les deux femmes, alors collègues de travail, réfléchissent à une alternative. Au même moment, le Département lance un appel à projet pour développer l’habitat inclusif sur son territoire. L’association est montée dans la foulée, en octobre 2018.

« Créer leur chez eux »

Deux ans plus tard, après avoir déplacé des montagnes et notamment récolté 10 000 € pour monter l’étude de faisabilité, le projet est joliment ficelé. L’idée est simple : offrir un habitat regroupé pour dix jeunes adultes (18 à 40 ans), concernés par des troubles du spectre de l’autisme et le syndrome de Dravet et ainsi « créer leur chez eux, leur indépendance dans un environnement sécurisé, pour qu’ils puissent vivre de manière autonome, tout en leur donnant la possibilité de s’inscrire dans un espace social ».

La Maison bleue alverne s'installera à l'entrée de la commune, à proximité des commerces et services du centre-bourg.
La Maison bleue alverne s’installera à l’entrée de la commune, à proximité des commerces et services du centre-bourg. (©Maison Villeneuve)

Huit auxiliaires de vie sociale (au minimum) garantiront une présence 24h/24h sur place pour les encadrer au quotidien, en plus d’autres auxiliaires individuels et de la participation de bénévoles. L’ensemble du fonctionnement de la structure sera supervisé par un animateur de projet de vie sociale et partagé, employé à mi-temps par l’ARTA (Association pour l’aide aux personnes en situation de handicap), Groupe VYV3 Enfance famille handicap soins, qui porte ce dispositif novateur.

Le loyer sera réglé par chacun des locataires et les services seront financés grâce à la mutualisation des prestations de compensation du handicap des locataires. Ils bénéficieront également pour chacun d’une aide individuelle.

Un tiers-lieu au sein du projet

« L’objectif, c’est de leur permettre de développer au maximum leur autonomie. Là, s’ils ont envie, ils peuvent aller à la boulangerie, au restaurant, avec quelqu’un pour les accompagner », se réjouit Priscille.

Un projet à 935 000 €, constitué des dix logements individuels (755 000 €) – entièrement financés par le bailleur social Habitat 44 – et d’un espace collectif (180 000 €). Un tiers-lieu verra également le jour sur le reste de ce vaste terrain de 6 700 m2, situé à l’entrée du village.  

Les locataires y trouveront un jardin sensoriel, un parc arboré, un espace potager supervisé par un maraîcher local ainsi que plusieurs enclos pour animaux. Ce lieu de plein air sera ouvert aux échanges avec les établissements spécialisés et associations locales, comme le Relais accueil proximité de Petit-Auverné.

« L’habitat inclusif prend tout son sens dans un bourg rural »

En plus d’avoir cédé une partie du terrain pour l’euro symbolique, la commune prendra en charge les travaux d’extension des réseaux et de voirie. Sébastien Crossouard, le maire, soutient l’idée depuis ses premières heures.

"Pour moi, l'habitat inclusif prend tout son sens dans un bourg rural, où l'on retrouve des valeurs de solidarité, d'entraide. C'est aussi une occasion unique pour revitaliser le bourg et faire marcher ses commerces."

Prochaine étape : dessiner les plans avec l’architecte, d’ici la fin de l’année 2020. Les travaux doivent démarrer au premier semestre 2022. Si les dix locataires ont déjà été trouvés, les familles intéressées peuvent toujours contacter l’association, en cas de désistement. L’ouverture est elle attendue pour l’automne 2023.

Un aboutissement imminent qui a déjà fait écho chez d’autres parents, qui envisagent de dupliquer l’idée dans d’autres régions, pour offrir une meilleure vie à leurs enfants.

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