Les drôles d’accordéons d’un luthier breton

Dans son atelier de Saint-Nazaire, un ingénieur et luthier conçoit des accordéons pas comme les autres : Ewen d'Aviau est l'un des rares, en France, à proposer des instruments adaptés aux personnes en situation de handicap.

France Musique, 09/12/2020

Un jeune luthier conçoit dans son atelier des accordéons par comme les autres. Ewen d’Aviau est à la fois ingénieur et luthier et c’est cette double casquette qui lui a donné envie de casser les codes de l’accordéon et d’inventer, dans son atelier de Saint-Nazaire, des instruments à l’allure étonnante, adaptés à certains handicaps.

Un octodina de forme octogonale avec son clavier coloré, adapté aux musiciens dyslexiques, un approédon,un harmonéon sur lequel la disposition des notes est totalement personnalisable, un accordina sur lequel on joue seulement de la main droite et dans lequel on souffle…
Voici quelques-unes des inventions d’Ewen, inlassable expérimentateur, qui a aussi mis au point un accordéon évolutif où l’on peut ajouter des boutons sur le clavier et changer de tonalité en quelques minutes.

Des instruments conçus sur-mesure

La France compte une quinzaine de facteurs d’accordéons traditionnels, mais un seul d’entre eux propose des instruments adaptés aux musiciens qui souffrent de handicaps comme la dyslexie ou de handicaps moteurs, comme une main atrophiée, c’était le cas d’un musicien, qui est venu voir Ewen après un accident et qui a pu continuer à jouer grâce à un instrument conçu sur-mesure.
La conception d’instruments adaptés n’est pas très répandue et, surtout, elle est très récente.
Il faut dire que le handicap est une question un peu taboue dans le milieu musical, à commencer par les écoles de musique et les conservatoires. Certains d’entre eux ont une vraie politique volontariste pour accueillir les élèves handicapés, grâce à des enseignants hyper engagés. En effet les élèves handicapés sont quasiment aux abonnés absents. La faute à un manque de communication de la part des établissements. De plus, les parents ne savent pas toujours que c’est possible d’inscrire son enfant porteur de handicap, à un cours de musique.

Le travail de luthier comme Ewen reste trop confidentiel. Cette offre instrumentale se développe trop lentement en France et dans le monde, le problème c’est qu’elle repose surtout sur des initiatives personnelles et sur l’action de quelques rares associations.
Citons également l’une d’entre elles : l’association OHMI, au Royaume-Uni, qui travaille avec un réseau de luthiers qui adaptent les instruments classiques, - violon, violoncelle ou encore flûte traversière - pour que les personnes en situation de handicap puissent rejoindre un orchestre.

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