Handicap et Cinéma

Interview RTL, 11/02/20

Dominique Farrugia, acteur, scénariste et producteur de cinéma, se bat depuis ses 29 ans contre la sclérose en plaques, une maladie neurodégénérative qui touche le système nerveux central. Il déplore le manque d'équipement et d'accessibilité des services publics en France qui complique considérablement la vie d'une personne handicapée. 

"C’est un sujet qui me touche personnellement parce que je vis plus en chaise roulante que debout", explique-t-il. "J’ai la chance de travailler dans la société Groupe Canal qui engage des personnes handicapées et quelqu’un m’aide tous les jours, du lundi au vendredi", estime le producteur, "mais le samedi et le dimanche, je suis tout seul et se promener dans Paris, c’est extrêmement compliqué". En effet, Dominique Faruggia explique comment les déplacements en fauteuil roulant dans la capitale sont particulièrement fastidieux : "Souvent la piste cyclable est refaite, mais pas le trottoir à côté; il y a aussi les nids de poules ou des passages piétons compliqués à traverser en fauteuil roulant".

Dominique Farrugia explique sa colère, estimant que les personnes handicapées sont considérées comme des citoyens de seconde zone : "On ne peut pas vivre comme un citoyen de seconde zone". "On paie des impôts comme tout le monde, les handicapés essaient de travailler, on les laisse de côté et c'est extrêmement énervant", déplore l'artiste. Au sujet des bus dits accessibles, il rappelle qu'ils le sont en théorie mais restent encore "difficilement accessibles en fauteuil roulant".

La loi de 2005, voulu par Jacques Chirac, avait pour objectif l’égalité des chances et des droits. Si l'objectif est loin d'être atteint, Dominique Farrugia estime "qu'on fait des progrès" en particulier dans le secteur privé. Il dénonce le rejet du projet de loi qui "devait imposer que tous les services publics soient accessibles aux personnes handicapées". Une décision du gouvernement que le producteur ne comprend toujours pas puisque "le Sénat était franchement à gauche à l’époque".

Quant au lexique utilisé, "personnes à mobilité réduite", "non-voyant", ou "malentendant", il rappelle que ces "jolis mots" n'arrangent pas pour autant la situation des personnes handicapées. "Tant que les passages piétons ne seront pas aux normes pour un "non-voyant" et un "malentendant", ça n’arrangera rien de les appeler comme ça".

À part Mimi Mathy et Jamel Debbouze, on ne peut pas dire que le cinéma laisse une grande place aux personnes handicapées. "Il y a peu de stars handicapées", déplore le producteur. "Parfois, le cinéma ne se tourne pas vers les bonnes personnes pour jouer le rôle d’une personne handicapée : il y a de très bons acteurs handicapés, et on n’a pas besoin de prendre un valide pour jouer un handicapé", rappelle-t-il.

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