Aide et soins à domicile : Le témoignage d'Eliane sur la maltraitance et l'isolement

Depuis des mois, les métiers de l’aide à domicile sont en crise. Face à l’inaction du gouvernement et la grande détresse des personnes concernées, APF France handicap et l’AFM-Téléthon alertent en Loire-Atlantique. Témoignage d'Eliane Vallée, 75 ans. 

"Cela devient de plus en plus difficile de trouver des auxiliaires de vie. Très peu de monde veut faire cette profession. Récemment, j’ai croisé un monsieur en fauteuil roulant sur le bord de mer de Saint-Nazaire. Il m’a dit qu’il devait se dépêcher car son auxiliaire de vie venait lui donner à manger et le coucher. A 17h. 

Ce monsieur est au lit de 17h à 8h tous les jours car il n’y a personne de disponible le soir. 

C’est le cas de beaucoup de personnes, de jeunes aussi, qui sont coincés chez eux après 17h, dans le noir, avec un écran pour seule compagnie. J’ai aussi été sollicitée par une femme en situation de handicap qui a le droit à 150h d’aide à domicile, mais qui n’a trouvé des auxiliaires que pour 40h. 

A moi aussi, ça m’est arrivé de me retrouver toute seule. Le plus dur dans cela, c’est qu’on n’a plus de vie sociale. 

Quand je n’avais pas d’aide à domicile, on bricolait. C’était ma fille qui m'aidait, mais elle a sa vie, et elle a aussi des problèmes de santé. Moi, j’ai la chance de ne pas être complétement isolée. A cause du manque d’aides à domicile, on se retrouve à supplier des personnes qui ont leur vie, leur travail, leurs activités. Mais il y a des gens qui n’ont pas cette possibilité, qui n’ont personne pour les dépanner.

Un autre problème est qu’on se retrouve parfois avec des auxiliaires qui ne sont pas du tout formés. C’est très compliqué pour nous. Il n’y a pas de suivi, on n’a jamais les mêmes personnes, on est parfois victimes de maltraitance. Et on n’ose pas se plaindre parce qu’on a peur de se retrouver sans rien.

On doit supporter la maltraitance.

Si tu ne t’entends pas avec la personne, tu subis. J’en suis arrivée à me cacher chez moi pour faire semblant de ne pas être là.

Quand on n’a personne pour nous aider, on ne peut plus sortir puisqu’on ne peut pas se préparer. On n’a plus d’activités, plus de lien social. Une fois qu’on a été isolés, c’est très dur de se forcer à sortir à nouveau. Je suis passée par là.

C’est un frein au quotidien, à la vie en société, on perd complétement notre autonomie. "

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