Lorsque le handicap avance, toute la société progresse

A l’occasion de la journée internationale des personnes handicapées ce 3 décembre, la secrétaire d’Etat en charge du sujet Sophie Cluzel appelle à changer de regard alors que le handicap reste la première cause de discrimination.

Via L'Obs

12 millions de nos concitoyens sont en situation de handicap, soit près d’un Français sur six. Aujourd’hui, en cette journée internationale des personnes handicapées, nous mettons en lumière leur quotidien, leurs projets, mais également leurs difficultés. Quinze ans après les avancées permises par la loi pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées, leurs attentes restent nombreuses.

Pourquoi ? Parce que notre société relègue, exclut, rejette ce qu’elle ne comprend pas et génère par cette attitude un isolement social pour les familles et les personnes elles-mêmes. Parce que le handicap est encore la première cause de discrimination motivant les saisines du Défenseur des Droits, loin devant celles relative aux origines.

Aujourd’hui, nous devons relever ensemble ce défi de garantir sa juste place dans la vie de la cité, au milieu de tous, à l’enfant, à l’adulte différent. C’est la définition de la société inclusive que j’appelle de mes vœux : une société qui donne les mêmes chances à tous, qui permet à chacun d’accéder plus facilement à ses droits, qui accueille et soutien chaque personne dans son parcours, de la crèche à l’université, qui l’accompagne pour se maintenir en bonne santé mais aussi accéder à l’emploi, au logement, à la vie culturelle, sportive et sociale.

Inclure c’est ouvrir la porte à la différence, sans prérequis ou conditions aucune. Parce que cette différence est regardée non pas comme une déficience, une difficulté, mais comme une richesse.

Qui n’est pas envieux des exploits que réussissent les para athlètes ? Ces héros qui inspirent respect et admiration comme Chris Nicik, premier triathlète trisomique de l’histoire à terminer un Iron Man.

Comme l’affirmait Paul Valéry : « Mettons en commun ce que nous avons de meilleur et enrichissons-nous de nos mutuelles différences ».

Changer le regard sur le handicap

En 2020, il est temps de démystifier le handicap : levons les idées reçues, arrêtons de se focaliser sur ce que les personnes handicapées ne sont pas, pour se focaliser sur ce qu’elles sont ! Le handicap reste encore mal connu, et notamment ceux dits « invisibles », qui concernent pourtant près de 80% des personnes handicapées. Je suis familière de cet état de fait, ayant moi-même une fille atteinte de trisomie 21.

Objectiver le regard, c’est réaliser qu’à côté du handicap moteur, visuel, auditif, psychique, intellectuel, le handicap recouvre aussi les AVC, le cancer, les maladies dégénératives, la sclérose en plaques, le diabète, l’épilepsie ou encore la dépression chronique : toutes ces situations qui interviennent au cours de la vie et qui peuvent tous nous toucher.

Objectiver le regard, c’est aussi remettre la science et la recherche au cœur de notre politique, pour accroître les connaissances et les diffuser plus largement.

Je suis persuadée que le changement de représentation des citoyens vis-à-vis des personnes handicapées est le corollaire indispensable des réformes menées par le Gouvernement en faveur d’une société plus inclusive. Cette transformation nécessaire ne pourra avoir lieu sans l’engagement de tous : c’est aussi en sensibilisant nos proches, un ami, ou son voisin que, chacun à notre échelle, nous pourrons changer notre regard et créer cette société positive de demain.

Des avancées pour toute la société

En 2020, il est urgent d’appréhender les politiques en faveur des personnes handicapées, comme une avancée pour toute la société qui dépasse largement la question du handicap.

Qui se souvient que les innovations que nous utilisons quotidiennement ont d’abord été conçues pour faciliter la vie des personnes en situation de handicap ? La télécommande, les lunettes de soleil, la machine à écrire ou même le téléphone sont autant d’inventions qui profitent à tous aujourd’hui.

Qui sait que 8 à 12 millions de nos concitoyens accompagnent chaque jour un proche en perte d’autonomie ? J’ai choisi de les soutenir, que ce soit avec la mise en place du congé proche aidant indemnisé ou avec le développement des solutions de répit, partout sur les territoires.

Alors que nous sommes confrontés à l’enjeu d’une société vieillissante, cette prise de conscience est aujourd’hui plus que nécessaire. La politique d’accessibilité universelle que nous déployons s’adresse aussi à nos aînés, pour permettre l’accès de tous aux lieux publics, mais également – et c’est fondamental - l’accès aux démarches administratives dématérialisées et à la communication gouvernementale, indispensable en temps de crise sanitaire.

Accélérer le virage vers la société inclusive de demain

Pour accélérer le virage vers la société inclusive, il faut relever le défi d’une société de confiance, plus accessible et fraternelleUne politique globale qui facilite au lieu de segmenter, qui rend possible au lieu de contraindre.

Poursuivons les réformes visant à accompagner tous les parcours de vie, que ce soit le grand service public de l’école inclusive qui vise à prendre en compte les besoins éducatifs particuliers de chaque élève et favoriser leur réussite, l’inclusion dans l’emploi pour permettre aux travailleurs handicapés d’accéder au monde de l’entreprise et montrer qu’ils sont source de performance ou encore l’habitat inclusif, nouvelle solution d’accompagnement en résidence partagée pour les personnes en perte d’autonomie.

Le Gouvernement est déterminé à mettre en place des moyens à la hauteur de nos ambitions : 600 millions d’euros supplémentaires seront investis sur la période 2020-2022. Cependant, pour changer la donne, il faut impérativement impulser ce changement de mentalités.

Je suis confiante dans notre capacité à réussir, ensemble.

Une société moderne est une société qui fait une place à tous ses citoyens, à tous les enfants de la République. Montrons ensemble que c’est dans la différence que réside la richesse de toute organisation.

J’en suis persuadée : lorsque le handicap avance, c’est toute la société qui progresse.

Sophie Cluzel

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